La protection de la vie privée, un « problème de vieux cons » ?
Le fondateur et PDG de Facebook, Mark Zuckerberg affirme que « les gens sont désormais à l’aise avec l’idée de partager plus d’informations différentes, de manière plus ouverte et avec plus d’internautes. (…) La norme sociale a évolué ». Si ces propos servent certainement à justifier sa politique en matière de protection de la vie privée vivement critiquable, il n’empêche que les jeunes générations semblent avoir une notion fort différente de ce qu’est la vie privée, et de la manière dont elle doit être protégée. « Je n’ai rien à cacher, c’est le prix à payer pour bénéficier des nouvelles technologies » telle est leur devise.
Alors parano ou ringarde la notion de vie privée et de l’anonymat ?
Qu’ils soient naïfs, impudiques ou exhibitionnistes, les natifs du numérique ne semblent plus faire la différence entre vie publique et vie privée. Ils assument pleinement une mise à nu volontaire sur le Net. Selon la thèse esquissée par les auteurs et leaders incontestés du Marketing 1to1 Don Peppers et Martha Rogers, nous assisterions aux prémisses d’un bouleversement similaire à la révolution sexuelle de 68 (dénonciation des tabous et carcans de la société, revendication de plus de libertés,…). Pour Josh Freed, éditorialiste canadien, c’est la plus importante fracture générationnelle depuis des décennies, qu’il résume ainsi : d’un côté, nous avons la « génération des parents », de l’autre, la « génération des transparents ».
Selon Bill Thompson, éditorialiste spécialisé dans les technologies à la BBC, ce changement de statut de la vie privée devrait constituer l’un des postulats d’un nouveau siècle des Lumières, numérique, à bâtir. Nos sociétés fondées sur des croyances à propos de l’intimité et de la propriété héritées des Lumières seraient devenues obsolètes à l’heure où nos vies deviennent de plus en plus transparentes. Le droit à la vie privée serait une notion désuète tant elle tente, vainement, d’enrayer la libre circulation et le partage des données.
Cette « extimité » (ce mouvement qui pousse chacun à mettre en avant une partie de sa vie intime, autant physique que psychique) relèverait moins de l’exhibitionnisme qu’elle ne dépend des outils utilisés (il est plus simple et moins coûteux de mettre ses photos en ligne que de les développer sur support papier). Une forme de romantisme en quelque sorte qui ne relèverait pas que de la crise d’adolescence mais où tout un chacun peut se faire connaître, gagner de l’attention, de la réputation et de la reconnaissance.
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December 15th, 2010 at 5:38 pm
Dans une interview, l’un des fondateur de facebook évite subtilement la question sur la vie privée en enlevant son fameux sweat shirt :
http://www.agoravox.tv/actualites/medias/article/interview-du-co-fondateur-de-28524