Facebook reflète un modèle de puritanisme américain où l’appel à la violence choque moins qu’une publicité pour des préservatifs (montrant des lapins reconstitués avec des préservatifs) qui s’est vue censurée. Dans la même veine, une femme de dos en petite culotte est tolérée alors qu’une autre en train d’allaiter son enfant est considérée comme pornographique. Facebook crie au scandale dès l’instant où l’on peut voir le mamelon.

D’après APC (Association for Progressive Communications), Facebook a supprimé des images de femmes en train d’allaiter sous prétexte qu’elles étaient en infraction à ses conditions d’utilisation en matière de contenu « obscène, pornographique ou sexuellement explicite». À la suite d’un de ces cas, un groupe de protestation de Facebook de plus de 250 000 personnes s’est formé.

La prolifération des contenus sexuels sur Internet et l’importance considérable du marché de la pornographie en ligne peut être préoccupante. Mais il n’est pas inutile de souligner qu’Internet sert aussi à exprimer et explorer toute sorte d’expériences, de relations et de contenus sexuels qui ne sont non seulement pas « préjudiciables » mais importants pour le droit à la liberté d’expression et le droit à l’information, en particulier pour ceux qui ont peu accès aux ressources, aux droits et aux espaces dans le monde réel.

Tel est le cas pour
– les informations sur la santé sexuelle (comme la prévention du cancer du sein),
– les informations sur la santé reproductive et la contraception, l’éducation sexuelle pour les jeunes (notamment aider les parents et les enfants à se parler),
– les réseaux pour lutter contre la violence sexuelle,
– le partage du savoir et des informations sur la sexualité et la création de communautés (comme les lesbiennes et transgenres qui se rencontrent en ligne dans des pays où l’homosexualité est interdite par la loi ou la culture)
– l’expression de sa propre sexualité en ses propres mots (en Inde, les dialogues et flirts en ligne donnent aux jeunes femmes un sentiment de mobilité et de liberté qui n’existent pas toujours dans le monde réel où elles n’ont pas le droit de porter certains vêtements ou de parler avec certaines personnes)

Le nu artistique est tout autant contraire au puritanisme ambiant et aux jugements moraux sur Facebook. De nombreux artistes ont vu leur compte suspendu ou désactivé pour cette raison. C’est par exemple le cas du groupe français Audriel dont la photo de l’album a été censurée. D’autant plus choquant quand l’image d’une femme nue enceinte avec son compagnon compare métaphoriquement la sortie d’un album avec la naissance d’un enfant. « Dans les musées, on peut voir tout type de nus, de toutes les époques. Rien qu’au Louvre, on peut voir des zizis grecs, des seins égyptiens, des grâces renaissantes, etc… Par contre [sur les réseaux sociaux], dès qu’il y a une image de nu, que ce soit au niveau d’une peinture ou d’une photo, on l’annule, sous le prétexte que des enfants peuvent la voir » note Vincent M. sur son blog.

Paradoxalement, de nombreux profils peu démocratiques appelant à la haine et à la violence ont voix au chapitre sur Facebook : groupes anti-Tzignes (exemple : anti – kosovar et manouche), homophobes (exemple : Sexion d’Assaut), racistes et fascistes (exemples : Front National, Lijst Dedeker, Vlaamse Belang, Red Neck,…) .

A se demander ce qui est considéré comme le plus obscène…