Ce que je fais ou dis aujourd’hui peut être retourné contre moi dans 10 ans, et alors ?

Sur le net, les photos de beuverie, les ragots ou toute information embarrassante que l’on préférerait voir disparaître sont indélébiles. Ils peuvent suivre leur auteur toute leur vie.

La réputation de nombreux internautes a été brisée par des informations fausses, obsolètes ou diffamatoires diffusées sur le net. Il est arrivé que des salariés se fassent licenciés à cause de propos tenus ou de clichés compromettant publiés autrefois sur Facebook. Autre cas de figure : la mode des photos érotiques prises dans l’intimité du couple qui surgissent au grand jour en cas de crise ou de dispute.

Profitant du vide juridique en matière de violation et de diffamation de la vie privée sur Internet, de plus en plus de starts-up spécialisées dans la gestion de l’e-reputation se développent. Se refaire une virginité numérique est en train de devenir un marché en plein essor. Moyennant un coût, les agences effectuent sur Internet une veille permanente pour le compte de ses clients. Elles ont soit recours au « nettoyage » (en demandant aux propriétaires du site de modifier ou de supprimer les contenus compromettants) soit, quand le nettoyage est impossible, au « noyage » (en les faisant reculer dans la hiérarchie des résultats des moteurs de recherche et en remplissant de contenus positifs bien référencés).

Face à l’absence de régulation, certains soulignent l’enjeu et la nécessité du « droit à l’oubli numérique ». C’est le cas de la Commission européenne, du sénateur Philippe Mahoux en Belgique (qui veut porter le débat au Sénat et créer un groupe « informatique et libertés ») ou de la CNIL en France. Ce « droit à l’oubli » vise à protéger ceux qui ne sont pas conscients des données qu’ils peuvent laisser sur Internet en évitant un traçage de celles-ci dans le temps. Les internautes auraient ainsi un contrôle sur leurs informations, un accès à leurs données ainsi que la possibilité de les modifier ou les supprimer sur simple demande. Ce droit semble semé d’embûches tant d’une part, les législations sont différentes dans chaque pays et d’autre part, c’est justement l’exploitation des données personnelles qui fait le succès des réseaux sociaux comme Facebook.

Juridiquement, il est encore plus difficile d’obtenir réparation ou sanction que de mettre fin à une agression sur les réseaux sociaux. Pour pouvoir engendrer des poursuites, il faut qu’un délit (escroquerie ou diffamation) ait été commis sous cette identité falsifiée. Encore faut-il pouvoir identifier l’usurpateur. Car les faux profils font légion. Par vengeance, par amour pour son idole ou simplement pour faire une blague, prendre l’identité de quelqu’un d’autre est extrêmement facile.

La meilleure tactique reste toutefois d’apprendre à gérer ses traces, ses empreintes, son image.

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