Mon profil a été arbitrairement supprimé, et alors ?
Pas moins de 150 administrateurs travaillent à la sécurité de Facebook aux Etats-Unis (Santa Clara-Californie). Comme pour Myspace, « la police de Facebook » est là pour contrôler la teneur des propos échangés par les internautes, du moins ceux qui leur sont signalés comme contraire aux conditions d’utilisation. C’est important pour les utilisateurs, de sentir leur espace sécurisé (mais aussi pour les annonceurs !). Ainsi, chaque jour, des infractions sont signalées touchant à des questions de pornographie, des problèmes de droit à l’image, des incitations à la violence, au racisme ou à des faux profils.
Dans cette logique, de plus en plus nombreux sont les utilisateurs qui se font suspendre leur compte, voire radier des réseaux sociaux de manière parfaitement subjective et arbitraire. Raisons invoquées par Facebook ? Trop de pokes (taquienerie) et de demandes d’amis/fans, trop d’articles mis en ligne, .. « Facebook préfère prévenir toute violation des droits d’auteurs en désactivant des compte de manière préventive sans prendre soin de vérifier et de contrôler la réalité des éventuelles violations commises. D’autant, qu’a contrario, Facebook reste timoré vis-à-vis de la protection de la vie privée. » témoigne Mahor Chiche (Le Monde 15-16 août 2010), avocat au barreau de Paris, dont le compte a été désactivé sans aucune mise en demeure préalable, sans aucun avertissement et surtout sans aucun motif réel et sérieux.
Tout laisse à penser que Facebook n’aime pas les activistes. A titre d’exemple : la page Boycott BP supprimée en juin 2010. En supprimant cette page, Facebook empêche ainsi 800.000 inscrits de faire pression sur British Petroleum, responsable de la marée noire dans le Golfe du Mexique. Serait-ce le fruit d’une erreur technique, d’une censure suite à des demandes pressantes de la part de BP vers Facebook ou est-ce une initiative prise seule par le réseau social ? Rien ne permet d’en savoir davantage. Mais à en croire beaucoup d’auteurs du net, la censure de propos subversifs ou provocateurs sur base de dénonciations, ou sur le contrôle de modérateurs, serait monnaie courante. Dixit Andy Verol, artiste blogueur qui s’est fait 12 fois rayer de Facebook : « On autorise l’exposition de photos festives et presque dénudées d’une adolescente, mais on interdit un texte qui emploie un style, qui dénonce, qui exprime ». Nous serions donc en droit de débattre de l’existence d’une menace de censure déguisée. Tout porte à croire que la plupart des chansons de Gainsbourg et les textes de Lautréamont, Sade ou Artaud, .. seraient censurés sur les réseaux sociaux.
Les internautes disposent d’un seul recours juridique (le tribunal de Santa Clara) mais celui-ci est si onéreux et compliqué que Facebook continue d’imposer unilatéralement ses conditions et ses abus de droit.
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