À PROPOS

Les personnes dites « sans-papiers » vivent dans une zone de non-droit et leur réalité recouvre une multitude de situations et de parcours de vie différents.

Ces personnes ont un accès difficile au logement, n’ont accès aux soins de santé que via l’aide médicale urgente du CPAS, et ne disposent d’aucun droit au travail. Ce qui les contraint de travailler au noir, dans des conditions pénibles : travail intense, socialement déprécié ou dangereux, horaires excessifs, salaires inférieurs au minimum légal voire non payés, aucun droit à des indemnités en cas d’accident de travail… Très présents dans les secteurs de la confection, la construction, la restauration, le nettoyage, le travail domestique, l’agriculture, l’horticulture notamment, ils sont à la merci d’employeurs qui menacent de les licencier ou de les dénoncer en cas de plainte. Le travail des sans-papiers est invisible. Ils sont ni vus, ni reconnus.

Au XXIe siècle, comment pouvons-nous nier ces quelque 100.000 (certains parlent de 200.000) travailleurs·euses « au noir », (sur)vivant dans l’ombre et dans la peur, en marge de tout droit ?

Il en va de notre intérêt commun de faciliter l’intégration économique et sociale. Ce travail au noir ruine la sécurité belge, fausse le marché et créé un véritable esclavage. Ces hommes et ces femmes participent à notre société, consomment, participent à notre économie et à notre société sans que la Belgique n’applique les droits auxquels ils peuvent prétendre. Les politiques migratoires belges et européennes, répressives et sécuritaires, violent leurs droits les plus fondamentaux et leur dignité.

La complexité des chaînes de sous-traitance, la multiplication des possibilités de dérogation au droit du travail, les lacunes de coopération entre les États ou encore l’invisibilité des travailleurs·euses de certains secteurs favorisent encore davantage la précarisation des travailleurs et travailleuses sans-papiers et entravent leur participation à leur propre régularisation. Les conventions européennes et internationales doivent être respectées.

Certains discours politiques et médiatiques renforcent les stéréotypes négatifs sur les sans-papiers. Ils sont généralement ramenés à un groupe, une masse dont on nie les individualités et le discours. Ils sont tantôt représentés comme des criminels, tantôt comme des victimes, mais rarement comme des héros.

Certains artistes et cinéastes s’emparent également de ces histoires et proposent d’autres discours, d’autres récits. Ils s’appliquent à redonner un visage aux travailleurs·euses sans-papiers et éclairent parfois d’un jour nouveau un pays, un parcours, une réalité humaine.

Puissions-nous changer de regard, puissent-ils passer de l’ombre à la lumière, du déni à la reconnaissance, non plus « sans » mais « avec » du moins un visage et une voix.

« Les sans-papiers : ni vus, ni (re)connus » est une campagne de sensibilisation du GSARA asbl, association d’éducation permanente.